Naissance de la sculpture gothique :
Saint-Denis, Paris, Chartres 1135-1150
Déjà plus tout à fait roman, sans être encore pleinement gothique, le style qui se développe en Île-de-France et au-delà de 1135 à 1150 a de quoi surprendre. Saisir l’imperceptible souffle du changement et remonter la piste des carnets de modèles qui circulaient d’un chantier à l’autre, voici le défi de l’exposition « Naissance de la sculpture gothique. Saint-Denis, Paris, Chartres 1135-1150 ».
Si l’art roman reste prédominant à cette époque dans la plus grande partie de l’Europe, son hégémonie est battue en brèche en Île-de-France dès les années 1140. Les chantiers de Saint-Denis, de Paris et de Chartres sont le berceau d’un art en gestation qui combine des innovations aussi bien techniques que stylistiques et iconographiques. De l’émulation entre maîtres d’oeuvre, sculpteurs et commanditaires naît la première expression de la sculpture gothique, développée dans le sillage d’une architecture en mutation.
Si l’on doit l’invention des portails à statues-colonnes aux sculpteurs oeuvrant à l’abbatiale de Saint-Denis, c’est à la cathédrale de Chartres que ce modèle trouve son plein aboutissement, avant d’adopter son expression la plus riche d’avenir, de retour à Saint-Denis, au portail des Valois. Dans la concurrence entre ces lieux de pouvoir se jouent la formation et la diffusion d’esthétiques novatrices qui s’élaborent dans un entrelacs complexe d’emprunts et de ruptures. Ce nouvel art trouve ses origines dans une recherche d’expressivité qui s’impose avec l’affirmation d’un style inspiré de l’Antiquité classique et marqué par l’art de la vallée de la Meuse autour de 1150. Les corps s’animent, s’incarnent, entrent en mouvement et deviennent reconnaissables par la mise en scène des sujets.
Des colonnettes ciselées de la façade de Saint-Denis à la grande Bible peut-être commandée par l’abbé Suger de Saint-Denis aux enlumineurs chartrains, la parenté est sensible et nous met sur la piste des carnets de modèles, aujourd’hui disparus. En confrontant sculptures, enluminures et vitraux, l’exposition rend manifestes leurs sources d’inspiration commune. Plus qu’à une simple juxtaposition de répertoires divers, le visiteur assiste à la naissance d’un art, hybride et fascinant.
Têtes de statues-colonnes
La reine de Saba Un prophète Un roi de l’Ancien Testament
L’exposition, enrichie par les apports scientifiques des nombreux chantiers de restauration menés ces dernières années, à commencer par celui de la façade occidentale de Saint-Denis, propose un éclairage nouveau sur les premières heures de l’art gothique et de sa floraison sculptée. Elle bénéficie également du prêt exceptionnel et exclusif d’un ensemble de statues-colonnes aux dimensions monumentales déposées du Portail royal de la cathédrale de Chartres, consenti par la DRAC Centre-Val de Loire.
Bible dite « de Saint-Denis » Chapiteau double : sirènes oiseaux affrontées dans des rinceaux
Sous l’impulsion de ses commissaires, Damien Berné et Philippe Plagnieux, l’exposition réunit environ 130 oeuvres. Outre les collections de référence du musée de Cluny et du musée du Louvre, réunies pour l’occasion, sont rassemblées de nombreuses sculptures provenant de musées français et étrangers, notamment du Metropolitan Museum of art de New York ou du Walters Art Museum de Baltimore, mais aussi de dépôts archéologiques comme celui de l’Unité d’archéologie de la ville de Saint-Denis ou ceux de plusieurs cathédrales.
Communiqué Musée de Cluny
Parcours-jeu pour les plus jeunes
Informations pratiques
Musée de Cluny, musée national du Moyen Âge
6 place Paul Painlevé 75005 Paris
Site Internet