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Qui pourrait se priver de leur vitalité ?

Marie-France Deniau est religieuse chez les Auxiliatrices de la Charité (en communauté à Aubervilliers avec Anne-Marie et Odette). Depuis de nombreuses années, elle participe à l'association « Femmes solidaires », pour soutenir des femmes en souffrance et ranimer avec d'autres l'espérance dans les cœurs.
Publié le 29/03/2016
Qui pourrait se priver de leur vitalité ?

Imaginez une seule seconde ce qu'il adviendrait si, tout d'un coup, les femmes du monde entier s'arrêtaient d'offrir à la terre toutes les richesses de leur être, de leurs activités, de leurs vies au jour le jour ! Qui pourrait se priver de leur vitalité courageuse, inventive et audacieuse au fil de l'histoire ? Malgré cette vitalité, la place des femmes dans la société et en Église reste un sujet brûlant d'actualité ! Il est toujours EN CHANTIER !

Quelle joie de vous dire que je ne tiens pas à quitter ce chantier-là ! Il faudrait des pages et des pages pour brosser la situation actuelle des femmes aujourd'hui dans les évolutions dont elles bénéficient certes, mais aussi dans les souffrances qu'on hésite même à décrire tant elles sont violentes et injustes. J'ai mis du temps en effet, à prendre conscience des complexités de la situation de mes voisines de palier et de la situation des femmes dans le monde.

Au fil des années

C'est au fil de ma vie de femme, de professionnelle, de militante, de consacrée depuis bientôt cinquante ans, que j'ai entendu peu à peu les appels à oser me compromettre dans cette aventure. Que ce soit en Afrique, au Portugal, au Honduras ou en France, nous avons pu être témoins des forces de vie de nombreuses femmes. Que de joies partagées avec elles dans leurs désirs de transformer leur quotidien, que d'actions collectives pour changer des conditions de vie, que de marches silencieuses pour dénoncer un meurtre, un viol, une expulsion de bidonville ; mais aussi que de rires, de belles aventures de résiliences et de défis relevés ! Au moment de ma retraite, dans mon adhésion à l'association des « Femmes Solidaires » des amies de tous pays m'ont invitée à m'investir avec elles dans la défense des droits des femmes de différentes façons.

 Avec mes sœurs en communauté, nous tentons de guetter la vie dans les quartiers populaires.

Voici un événement qui nous a marquées. Nous avons réalisé récemment un DVD qui relate toute une action menée avec des femmes Ethiopiennes en pays Afar. Il s'appelle KIMBIDALE (film réalisé par Emmanuelle Labeau). Depuis vingt ans Madina et Halima ont mené une lutte acharnée pour mettre fin à la pratique de l'excision et de l'infibulation en pays Afar éthiopien. Chaque jour, elles sillonnaient les villages de la région de Gawani pour sensibiliser les habitants sur les effets néfastes de ces mutilations.

Quelques fillettes sont sauvées grâce à leurs actions sur le terrain. À partir de 2005, leur combat prend une dimension internationale. Soutenues par l'association des Femmes Solidaires, Madina et Halima réussissent à sauver plus de 850 petites filles et ainsi à faire reculer une tradition vieille de vingt-sept siècles ! Une maison des femmes voit le jour et avec les autorités sanitaires, et le soutien des imams, le projet intègre un suivi scolaire, sanitaire et surtout des possibilités de travail pour les femmes et les familles afin de subvenir à la vie de leur village et de la région. Les exciseuses sont devenues des sages femmes formées sur le terrain et leur joie est impressionnante ! Ce qui marque les personnes, c'est que tout ne s'est pas fait en un jour.


Pionnière de l'aventure Kimbidale                                             Quatuor solidaire pause gourmande

Pourquoi au fond de moi cet élan?

Il ne vient pas de moi je le sais ! Celui qui m'a appelée à le suivre à l'âge de vingt-deux ans, le Christ m’a entraînée de découvertes en découvertes. Ma vie itinérante m'a plongée dans le quotidien de la vie des femmes de différents pays et en même temps l'Église a été « ma famille » qui m'a appris très tôt l'amour des relations humaines et la grande liberté exigeante de Jésus. Alors, quand cette passion missionnaire se croise avec la ferveur de notre fondateur Jean Émile Anizan et la détermination de notre « amie » Thérèse d'Avila, le feu prend toujours comme un brasier même si on a déjà soixante-quatorze ans !

« Parlez du monde à Dieu et parlez de Dieu au monde », c'est ce conseil extraordinaire de la grande Thérèse qui me semble le mieux « épouser » l'élan passionné du Père Anizan nous demandant « d'Être de feu pour Dieu » car « la foule des plus petits et des plus blessés de la vie le poursuit » ! Ces deux-là n'ont jamais quitté les chantiers difficiles de leur époque.

Dans notre vie consacrée nous vivons « entre femmes ». Quelles richesses traversées aussi de fragilités laissons-nous percevoir de notre expérience ? Comment nous y prenons-nous pour la partager ? J’essaie dans la vie fraternelle quotidienne de vivifier en moi « cette Charité du Christ qui nous presse ». Savons-nous rendre compte, avec confiance et joie, d’appartenir au Christ et de le suivre sur les routes au jour le jour ?

Marie-France Deniau,
Auxiliatrice de la Charité - Envoyer un courriel

Avec l'aimable autorisation de publication de la revue "Chantiers" des Fils de la Charité N°189, mars 2016