Cette célébration a revêtu un caractère particulier. En effet, c'est à Saint-Denis que l'État a décidé de rendre un hommage national aux victimes de l'esclavage colonial.
Voilà déjà 15 ans que nous cherchons à inventer une célébration en hommage à nos aïeux victimes de l'esclavage. Je pense que nous avons trouvé "le bon format". L'accent a été mis sur la transmission, le moment fort de la célébration a été l'offertoire. Nous avons apporté en offrande des éléments fondateurs de l'histoire et la culture antillaise, en demandant au Seigneur de nous ouvrir nos yeux et nos cœurs à ne jamais nous habituer aux situations de misère, d’exploitation et d'exclusion, où la dignité de l'Homme créé à son image est bafouée. De nous aider à promouvoir une éducation porteuse des Droits de l'Homme pour un monde plus juste, plus fraternel. De nous donner la force à être des artisans de paix pour continuer à rassembler, à unir, à pacifier, à lutter pour la liberté. Et surtout de mieux connaître la parole de Dieu pour la transmettre et annoncer la Bonne nouvelle de Jésus Christ.
Les éléments fondateurs
La canne à sucre : symbole du travail forcé aux Antilles françaises lors de l’esclavage. Lorsque L'Homme est réduit à un instrument de production, il peut être acheté et vendu au même titre que n'importe quel bien.
Les chaînes : symboles de la souffrance et du manque de liberté. Manque de liberté physique, mais aussi désir de mettre fin à la liberté de penser, de réfléchir, d'émettre des idées, de rêver à l’avenir.
Le tambour : symbole de la soif de liberté, symbole de résistance d'un système esclavagiste. C'est avec le tambour que nos ancêtres communiquaient, c'est autour du tambour qu'ils s'évadaient pour un peu de répit.
La Bible : ta Parole, jadis instrumentalisée par les esclavagistes. Cette Parole qui libère, qui guérit, qui sauve.
C'est dans une basilique comble que nous nous sommes souvenus de nos parents, en chantant, en priant, en présence de plusieurs personnalités Philippe Laville, Greg Germain....
Un grand merci aux prêtres, nombreux ont concélébré avec le vicaire général qui a accueilli l'assemblée au nom de notre évêque.
A l'issue de la célébration, nous avons rejoint la cérémonie républicaine en présence de Mme Annick Girardin, Ministre des Outre-mer, de M. Jean-Marc Ayrault, Président de la mission de la mémoire de l'esclavage, des traites et de leurs abolitions, de M. Laurent Russier, maire de Saint-Denis, et de M. Emmanuel Gordien, président du Comité de la Marche du 23 mai 1998.
Jaklin Pavilla