Le corbeau et le renard : produire local n’est pas une fable
Le vendredi 29 novembre dernier, nous avons eu la joie de recevoir à la Maison diocésaine l’ancien évêque du diocèse de Laghouat Ghardaïa au Sahara en Algérie, Mgr Claude Rault.
A travers le récit de son itinéraire personnel de 45 années vécues en Algérie, il nous a plongé dans la douloureuse histoire du peuple algérien (guerre d’indépendance, années noires) et dans l’histoire de l’Eglise d’Algérie vivant au milieu de ce peuple : le retournement vécu par cette Eglise à l’indépendance avec le choix de rester alors qu’un million de pieds noirs quittaient le territoire… rester en renonçant aux œuvres et en acceptant de n’être qu’une simple présence s’efforçant de vivre « l’apostolat de la bonté » à la suite de Charles de Foucauld.
Et puis un nouveau choix de rester jusqu’au bout pendant les années noires (1990-2000), « tenant la main de l’Algérie malade ». Les 19 religieux et religieuses tués pendant cette décennie et béatifiés le 8 décembre dernier à Oran sont le reflet de toutes ces vies données, musulmanes comme chrétiennes pour avoir refusé l’engrenage de la violence.
Mgr Claude Rault a insisté tout au long de son récit sur l’importance d’une attitude ecclésiale de dialogue « au ras des pâquerettes » avec la convivialité comme point de départ de ce dialogue.
Une Eglise qui se fait proche, « l’essentiel n’étant pas de faire nombre mais d’être signe ». Une Eglise de la rencontre, qui sait recevoir de l’autre. Il nous a relaté cet échange qu’il a eu avec deux élèves, à la fin d’un cours : l’une venait lui dire « tu es chrétien, tu iras en enfer » et l’autre de dire « si je suis au ciel et que toi tu es en enfer, je descendrai en enfer pour aller te chercher ». Une belle leçon pour le professeur qu’il était : « cette élève m’a montré que l’amour de l’autre dépasse la profession de foi ».
Ce qu’a vécu et vit l’Eglise d’Algérie au milieu d’un peuple musulman peut nous aider à penser et à vivre aujourd’hui comme chrétien en France au cœur de cette complexité du monde musulman dans laquelle nous sommes plongés… Mgr Claude Rault à travers son témoignage nous a bien donné le goût de nous mettre à l’école de cette petite Eglise universelle qui a beaucoup à nous apprendre. Et Mgr Pascal Delannoy, à la fin de la rencontre, nous a invités chacun(e) pendant ce temps de l’Avent à écrire à notre tour notre propre récit de nos relations avec les musulmans… une bonne manière de nous préparer à accueillir Celui qui est venu et vient sauver tout le monde et qui se révèle à nous quand nous nous ouvrons à l’autre différent.
Elodie, pour le Service diocésain des relations avec les musulmans
