Le service du Frère de la « Parole à l’Acte »
Depuis des mois, 300 migrants étaient à la rue, le long de l'avenue du Président Wilson à La Plaine Saint-Denis, entre la Porte de la Chapelle et le centre-ville. L’association Solidarité Migrants Wilson les soutient moralement et concrètement par des dons alimentaires entre autres. Le vendredi 25 janvier, ils ont été évacués par la Préfecture vers des centres d'accueil dans les départements voisins ... sauf 41 d'entre eux dont deux femmes sont restés sur le trottoir parce que, soi-disant, il n'y avait pas de place pour eux !
La mairie de Saint Denis, dans l'incapacité de faire face à ces vagues successives de migrants, a fait appel à la paroisse Sainte-Jeanne d’Arc (quartier de la Mutualité) pour les accueillir quelques nuits, en attendant que la Préfecture les prennent en charge. Le thermomètre frôlait alors le zéro ; comment laisser dehors ces hommes et ces femmes ? Sollicité, le prêtre n'a pas eu le temps de réunir l'EAP, et, face à l'urgence de la situation, il a accepté mais en imposant des limites (4 nuits maximum).
La mairie a fourni lits de camp et couvertures, a fait appel à la Croix Rouge dont les bénévoles ont rendu un service très précieux, le Secours Islamique a assuré les repas du soir. La Régie de quartier a apporté des repas chauds trois soirs. Il a fallu qu'ils s'entassent dans une petite salle, lit contre lit ! mais au moins ils étaient au chaud ... et non pas sous la neige pour la dernière nuit qu'ils ont passé dans la salle paroissiale. Ces migrants étaient pour la plupart des somaliens, des soudanais et des érythréens, donc venus de pays marqués par la guerre et les violences.
Après cinq nuits (une de plus que prévue initialement), la mairie a hébergé ces migrants dans un gymnase municipal (Carson Besson) où ils sont toujours... faute de prise en charge de l'État.
Il est bien évident que ce problème très compliqué de la présence massive de migrants sur le territoire de notre ville devient insoluble. Ce n'est pas la première fois que nos salles paroissiales accueillent ainsi des migrants à la rue ; il y a deux ans, une bonne vingtaine d'hommes y étaient restés pendant deux semaines en décembre, avant que le PCF prenne le relais dans ses locaux. L’année dernière, on a accueillis en grand froid 15 migrants pour deux mois. Du coup, notre EAP s'est posé la question de l'avenir : pouvons-nous continuer comme ça ? Sans compter la gêne pour l'utilisation habituelle des salles... sans compter le coût... ainsi que la mobilisation de bénévoles qui, bien entendu, sont toujours les mêmes à donner de leurs forces et de leur temps ! L'EAP essaie de mettre des limites raisonnables à cette mise à disposition de salles.
Pour autant, au-delà des questions légitimes posées par ces situations d'urgence, nous vivons là un temps fort évangélique. Par ce geste, notre Eglise se rend crédible aussi bien d'abord aux yeux des migrants eux-mêmes qui sont presque tous musulmans, mais aussi aux yeux de la mairie de Saint Denis, des amis de la Croix Rouge ou du Secours Islamique, de la Régie de quartier. Être au coude-à-coude pour « Vivre le service du frère » (1), c'est pour nous une aventure privilégiée où nous rencontrons Jésus Christ.
EAP Ste Jeanne d’Arc, le 1er février 2019
(1) Ce livret a été élaboré par les membres du Conseil diocésain de la solidarité